Nos sociétés modernes se sont construites sur des paradigmes de binarité et de polarité, où nature s’oppose à culture, où les sciences « dures » rejettent les sciences sociales et où les camps politiques construisent entre eux des murailles plutôt que des ponts. Un rapport au monde pourtant incompatible avec notre écosystème et notre survie en son sein. Il est donc urgent de changer de paradigme pour réinjecter symbiose et complexité dans nos façons de nous représenter le monde… Partons aujourd’hui à la rencontre d’un collectif qui agit face à cette urgence : DISNOVATION.ORG.
Disnovation.org : quand les expositions d’art se transforment en laboratoires
© DISNOVATION.ORG, Life Support System Exhibition
DISNOVATION.ORG est un collectif d’artistes et de penseurs qui mélange à sa guise art contemporain, recherche scientifique et hacking pour « traduire de façon critique des débats éco-sociaux complexes sous forme d’expositions novatrices et provocatrices ».
Leurs œuvres d’art sont mises en scène comme des grandes expériences de laboratoire multimédia et abordent des sujets tels que l’énergie, l’économie, la post-croissance, les dérives du digital et bien d’autres. Ces expériences permettent de critiquer nos modèles contemporains, mais aussi d’élaborer des futurs alternatifs face aux récits dominants. Leurs formats invitent à la réflexion et au dialogue et brisent les murs entre réflexion scientifique, conscience politique et expérimentation artistique.
© DISNOVATION.ORG, Post-Growth Toolkit – The Game Exhibition
C’est notamment le cas de leur projet Post Growth Toolkit. Cette œuvre prend la forme d’un ensemble d’outils critiques et artistiques qui questionnent les limites des récits économiques actuels basés sur la croissance infinie. Elle invite à réimaginer des systèmes qui ne reposeraient plus sur l’extraction constante de ressources, mais sur des économies circulaires et régénératives. C’est notamment à travers un jeu de carte tactique que le public est invité à découvrir des notions clés autour de l’énergie, de la production et de la théorie de la décroissance. Les parties permettent également aux participants de s’investir dans un débat collectif, ouvrant des pistes pour un avenir plus durable.
© DISNOVATION.ORG, Post-Growth Toolkit – The Game
Un autre exemple de leur travail, Un Bestiaire de l’Anthropocène a récemment été présenté dans le cadre de l’Anticipation Festival à La Gaîté Lyrique. Cette œuvre aux formes multiples nous invite à nous projeter dans un monde constitué de créatures hybrides, mi-vivantes, mi-artificielles. Ainsi, ce bestiaire explore les conséquences des activités humaines, techniques et technologiques, sur le vivant. Par cette œuvre, le collectif nous propose finalement une projection dans notre écosystème futur et une réflexion sur les nouvelles formes de vie qui pourraient y émerger. Un écosystème dans lequel les séparations entre organique et numérique ou vivant et inerte auront peut-être perdu leur sens.
© DISNOVATION.ORG, A Bestiary of the Anthropocene Exhibition
Finalement, le projet Shadow Growth nous invite à regarder sous un nouveau prisme le principe de croissance. Cette installation multimédia visibilise la « croissance fantôme » ou shadow growth, c’est-à-dire la partie invisible et cachée des impacts environnementaux et sociaux liés à la production et à la consommation. À travers une série de visualisations artistiques et de données, l’œuvre confronte les bénéfices de la croissance du PIB au coût social des émissions carbones. Shadow Growth nous invite ainsi à repenser notre relation culturellement très ancrée à la croissance et à chercher de nouveaux modèles qui intègrent pleinement les dimensions invisibles de notre activité économique.
© DISNOVATION.ORG, Shadow Growth Diagrams
© DISNOVATION.ORG, Shadow Growth Exhibition
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