Avec Ecotopia, Ernest Callenbach signe l’une des premières utopies écologistes. Publié aux Editions Rue de l’Echiquier en 1975, ce livre est pourtant plus que jamais dans l’air du temps et nous interroge, encore aujourd’hui, sur notre manière de (re)penser le monde.
Dans la lignée des récits futuristes d’Orwell ou de Huxley, Ecotopia est un best-seller dès sa sortie outre-Atlantique et reste étonnamment un livre d’actualité, presque troublant, au vu de ses accents prophétiques. Ce roman visionnaire nous projette à l’aube des années 2000 (soit plus de 25 ans après l’écriture de l’ouvrage), alors que trois états des Etats-Unis ont fait sécession et ont créé leur propre pays, baptisé Ecotopia. C’est une société écologique et radicale, que va découvrir un journaliste américain envoyé en reportage sur place, amorçant alors la reprise des relations diplomatiques avec son pays d’origine.
C’est par le biais de son journal intime et des articles qu’il envoie pour parution à son journal, que le lecteur découvre peu à peu le fonctionnement de cette société nouvelle, et les nouveaux modes de vie qu’elle implique. Le lecteur, tout comme le journaliste, va de découverte en découverte, et tous les sujets sont abordés : l’énergie renouvelable, l’éco-construction, l’autogestion, la culture, les relations humaines, l’administration, la démocratie, l’autonomie alimentaire, le recyclage…
William Weston, le journaliste totalement sceptique et réfractaire au départ, se laisse peu à peu convaincre par ces nouvelles manières de faire et de penser, qui bouleversent pourtant tous ses codes. Si la confrontation de ces deux univers opposés, l’un toujours très consumériste, l’autre revenu à l’essentiel, ne se fait pas sans heurts, il y découvre une certaine forme de sérénité au fil de ses rencontres, et ses articles reflètent peu à peu les réflexions et les doutes que ses découvertes soulèvent. Quitte à se poser la question d’y rester définitivement, alors que toute sa vie l’attend pourtant de l’autre côté de la frontière…
La description totalement réaliste de cette société alternative et écologique à grande échelle est réellement troublante, surtout quand elle est lue à une époque où toutes ces questions font désormais la une de nos médias. Cette fiction unique en son genre nous permet d’imaginer d’autres possibilités, d’envisager d’autres rapports de l’homme envers lui-même, la nature, les écosystèmes et la planète.
L’impact de cet ouvrage a été retentissant et a constitué le terreau des mouvements écologiques qui ont émergé, par la suite, dans les années 70. Il reste une référence aujourd’hui encore pour toute personne qui se questionne sur ces grands enjeux.