L’artiste brésilien Frans Krajcberg (1921-2017) est surnommé le “père de l’écologie” en raison de ses œuvres militantes et de son engagement contre la destruction de la forêt. Dépeintes parfois comme un cri d’alerte face au pillage des ressources naturelles, souvent comme un cri d’espoir, et véritable hommage à la surprenante capacité de résilience du Vivant, elles naissent d’une rencontre inattendue : celle d’un artiste et de la forêt amazonienne au XXème siècle.
Frans Krajcberg : artiste et “père de l’écologie”
Frans Krajcberg ©Domaine Chaumont
Les circonstances dramatiques de la Seconde Guerre mondiale conduisent Frans Krajcberg à quitter la Pologne seul pour ne jamais y revenir, alors qu’il n’a que 24 ans. Il arrive à Paris en 1947 et gardera toujours un lien particulier avec cette ville dans laquelle il exposera souvent ses travaux. Mais c’est lorsqu’il arrive au Brésil qu’il rencontre celle qui sera sa muse : la nature amazonienne. Rapidement, il s’isole pour peindre dans la forêt et commence à façonner des objets artisanaux (poteries, statuettes, natures mortes et végétaux). En 1955, épuisé par les incendies qui dévastent la région et même sa propre maison, il quitte le Paraná. A Rio, il peindra de nombreuses Samambaias (ou Fougères), en souvenir de cet épisode douloureux. En 1957, il remporte le prix du meilleur peintre brésilien puis en 1959, il part en Amazonie pour la première fois.
© Frans Krajcberg, samambaia, Huile sur toile, 1955
© Frans Krajcberg, samambaia, Acrylique sur toile, 1956
La peinture est le médium qui lui permet d’atteindre en premier la postérité. Mais l’artiste brésilien est également sculpteur et photographe. En s’inspirant de la technique du papier moulé, il crée des “empreintes directes” de bois, de sable puis de rochers et de terre. En parallèle, il commence à photographier la nature et réalise des tableaux composés d’éléments naturels.
©Espace Krajcberg, Frans Krajcberg, empreinte, 1960
©Espace Krajcberg, Frans Krajcberg faisant des empreintes de sable, 1970’s, Nova Viçosa, Brésil.
©Espace Krajcberg, Frans Krajcberg, composition rouge, 1965.
A partir de 1960 commence une longue période de fécondité artistique : ses œuvres touchent et retiennent l’attention tant par leur originalité que le message politique qu’elles renvoient.
©Espace Krajcberg, Frans Krajcberg, boules de palétuvier (série ombre portée) Boules de palétuvier, contreplaqué et pigments naturels, 1991.
©Espace Krajcberg, Frans Krajcberg.
En 1975, il s’engage dans trois expéditions amazoniennes et trois voyages au Mato Grosso. La préoccupation pour le vivant et sa protection est au cœur de ces entreprises. Le Manifeste du Rio Negro en est le produit, rédigé par Pierre Restany en 1978 et accompagné d’un film réalisé par l’artiste.
©Espace Krajcberg, Manifeste du Naturalisme Intégral ou Manifeste du Rio Negro
©Espace Krajcberg, Pierre Restany et Frans Krajcberg en expédition sur le fleuve du Rio Negro
« J’y ai pris conscience que c’était fini l’Art pour l’Art et je veux que mes sculptures soient les témoins de ce désastre. » – Frans Krajcberg – 1975
Totems, Palmeras et Africanas qui forment les ensembles sculptés les Conjuntos, témoins de la déforestation.
Frans Krajcberg, La Révolte III, 1994, bois brûlé et pigments naturels, 248 x 134 x 132 cm. © Eric Sander.
Extraits des Queimadas
Dans un reportage photographique, il dénonce les pratiques criminelles des grands propriétaires qui démarrent des incendies de forêts pour défricher la terre, les « queimadas ». Il rapporte également des palmiers desséchés et en fait des sculptures emblématiques, rassemblées en forêts. A partir des années 90, il participe à des conférences et des expositions à l’international telle que l’exposition “Imagens do Fogo” dans le cadre de la Conférence mondiale des Nations Unies sur l’Environnement « Eco 92 ». Malgré les menaces de mort, il tentera de convaincre les agriculteurs de mettre fin à leurs pratiques dévastatrices et s’engage à défendre la cause des amérindiens d’Amazonie.
Benki Piyako Ashaninka, Frans Krajcberg, Puwé Luiz Puyanawa (Brésil) et Walter Lopez Shipibo (Pérou). ©Anouk Gaarcia/AKIRI.
Lors d’une grande exposition rendant hommage à l’artiste dans le Parc de Bagatelle en 2006, Frans Krajcberg se saisit de cette opportunité pour lancer son Cri pour la Planète. En 2015, l’Espace Krajcberg joue un rôle majeur puisque, dans le cadre de la COP 21, il reçoit des leaders Amérindiens. Laboratoire d’idées et d’échanges, il est une « antenne de l’Amazonie à Paris » et regroupe aujourd’hui une grande partie de ses œuvres.
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