Human Soul : L’art comme lien relationnel

Human Soul, mené par le duo Anne-laure Maison et Michel Cam est un projet pluridisciplinaire démarré il y a plus de 4 ans sur la mer de Sulu à bord de leur bateau atelier Ilo2.

A la recherche d’un langage commun à travers la performance artistique, les artistes réalisent le portrait d’habitants du bout du monde, d’invisibles, de marginaux sous formes de collages « dadas », constitués de divers éléments de leur environnement qu’ils portent sur leur dos. Cette œuvre est toujours recontextualisée sous forme d’installation à l’échelle de l’espace qu’ils habitent. Les collages, les performances filmées, les installations, les vidéos sont autant de traces qui restent ensuite pour transmettre cette expérience quasi-ethnologique.

Ces œuvres monumentales permettent de faire exister ces invisibles, parfois fragiles, souvent frappés par la force des éléments. C’est un symbole de résilience très fort, qui met en valeur la richesse de ces parcours de vie. D’abord présentés sur place, dans l’eau, sur des plages, ils le sont ensuite sur des murs occidentaux sous forme d’exposition.

© Anne-Laure Maison & Michel Cam

La crise sanitaire a conduit le duo à jeter l’ancre à Paris et à s’interroger sur la condition des personnes en grande exclusion dans ce contexte inédit. C’est de la rencontre entre le directeur de la Cité de Refuge/ Fondation Armée du salut, Christophe Piedra et les artistes qu’est né ce projet de résidence. Cette belle initiative humaine et créative prend donc aujourd’hui place dans ce bâtiment emblématique de Le Corbusier, centre d’hébergement et de réinsertion sociale du 13ème arrondissement de Paris, qui accueille plus de 300 résidents et 90 salariés. Pendant plus d’un an, Anne-Laure Maison et Michel Cam ont décidé de s’immerger au sein de ce lieu de vie pour développer leur projet pluridisciplinaire.

© Anne-Laure Maison & Michel Cam

Le processus de ce projet suit une logique déjà prédéfinie. Dans un premier temps, les artistes s’imprègnent de l’histoire de chaque résident et salarié, et collectent des données sur leur univers, des traits de leurs personnalités, des objets qui leur sont chers, des souvenirs…Alexandre, 22 ans, a par exemple choisi d’intégrer à son portrait les images d’un poumon, d’une flamme, des drapeaux breton et gitan… 

Le duo co-construit avec eux ces collages. Le portrait, puisqu’il n’a pas de visage, n’est pas intrusif et permet aux personnes de se prêter plus facilement à l’exercice. Ils valorisent ainsi leurs parcours de vie afin de faire évoluer le regard que chaque résident porte sur lui-même, et celui des autres. Recréer du lien pour redonner confiance : tel est l’un des crédos de Human Soul

Une fois ces portraits constitués, les originaux sont exposés dans hall de la Cité, participant et constituant au fur et à mesure la mémoire collective de cette période si particulière. Ils ont également été projetés sur les panneaux de verre du bâtiment, illuminant ainsi le quartier pendant la période de fin d’année et ouvrant ainsi l’œuvre à une dimension architecturale.

Grâce au mécénat de la fondation Agnès B, les portraits ont également été diffusés sur les façades de l’Ep7, un bâtiment constitué d’écrans géants dans le 13ème arrondissement tout près de la Cité. Un jeu de cartes avec les 32 premiers portraits a également pu être créé et distribué le soir de Noel. Tout ceci contribuant au processus de renarcissisation et de confiance en soi.

Anne-Laure et Michel ont ensuite pour objectif de recontextualiser les portraits à l’échelle du quartier et de les faire sortir de la Cité de Refuge au travers d’une campagne de collages street-art menée dans tout l’arrondissement. 

Ce projet autofinancé par une campagne de crowfounding Ulule pour sa première partie a désormais le soutien de la Fondation Armée du Salut, la Mairie du 13, la direction des affaires culturelles de Paris et la Fondation Agnès B.

Et pour les soutenir, c’est par ici.

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