Lucy et Jorge Orta : l’art multiple, vecteur de solidarité

Le réchauffement climatique et ses conséquences sont une problématique désormais omniprésente qui soulève d’autres enjeux d’ordre technique comme les migrations et l’accès à l’eau mais aussi d’ordre sensible : comment les hommes et les femmes vont-ils réagir face à ce chaos plausible et probable ?

Au-delà des frontières que le récit dominant trace entre les pays, vecteurs de fédérations et de troubles, Lucy et Jorge Orta, un couple d’artistes plasticiens, sont à l’origine d’un passeport très particulier. Le passeport Antarctica attribue en effet la nationalité mondiale à qui souhaite se le procurer. Une façon de rappeler que nous sommes tous aussi habitants d’une même planète en danger.

Depuis la création de ce passeport en 2007, le duo arpente différents pays dans le but de présenter leur initiative basée sur le Traité de paix antarctique qui stipule l’interdiction d’exploitation de l’Antarctique pour d’autres fins que la recherche scientifique. Lucy et Jorge Orta ont par exemple installé leur stand au Maroc pour le 11ème Sommet mondial sur la migration et le développement. 

En 1992, ces deux artistes créent le Studio Orta dont l’ambition, au-delà de l’esthétique, est de promouvoir ce qu’ils appellent le “design d’urgence” qui puisse être mobilisé rapidement dans les situations de crises humanitaires. De ce studio émergent depuis plus de vingt-cinq ans toutes sortes d’objets fondamentalement pratiques : des tentes pour sans-abri, des véhicules pour nomades, des systèmes de captation, de transport et distribution d’eau à bas coût pour populations déshéritées. Tous ces équipements, à la fois artistiques et pratiques, ont pour but de montrer que l’art, au-delà de la beauté véhiculée peut être vecteur de solidarité, d’entraide ainsi que de prise de conscience.

Le studio Orta était également présent à la COP26 de Glasgow et y a présenté leur œuvre Nexus Architecture, une tenue reliant 50 personnes les unes aux autres et customisées par les artistes de la Glasgow School of Art et de l’université des arts de Londres. En matérialisant par le tissu les connexions qui unissent les humains entre eux, ils ont ainsi pour objectif de rendre la solidarité et l’interconnexion tangibles, qui sont pour eux la clef de voûte d’une transition solidaire et environnementale.

Lucy et Jorge Orta font de leur art un vecteur de questionnements et de solutions sur les sujets sociaux et environnementaux, et viennent à la fois interroger nos consciences et émerveiller nos sens.