Dr Serge Attukwei Clottey : des oeuvres artistiques faîtes de bidons en plastique
À quoi donc ?
Entre autres, au manque d’eau ou plutôt au problème de l’accessibilité à l’eau dans cette ville d’Accra où malgré les immenses ressources dont dispose le pays, moins de 10% de la population de la ville possède un point d’eau fiable.
C’est donc grâce à ces gros bidons jaunes que l’eau est parfois acheminée en centre ville pour compenser. Les réutiliser et les transformer en œuvres artistiques est donc une manière pour l’artiste de mettre en lumière les problèmes sanitaires causés par le manque d’accès à l’eau mais aussi environnementaux dûs à cette utilisation massive de bidons en plastique.
©photo : Nii Odzenma
Oeuvre de Serge Attukwei Clottey
Depuis plus de 20 ans, l’artiste qui créait d’abord pour le plaisir avant d’en faire sa profession et de se faire une réputation à l’international, s’est spécialisé autour de cette couleur et de cette ressource polluante. L’une de ses œuvres, “Gold Falls”, datant de 2022, illustre parfaitement le message que l’artiste cherche à faire passer dans son travail.
C’est dans le désert X Alula en Arabie Saoudite, que cette immense cascade dorée a été installée.
Image ©Lance Gerber – Gold Falls de Serge Attukwei Clottey
« Les utiliser est un moyen d’alerter sur la rareté de l’eau et la fragilité de notre environnement, confie Serge Attukwei Clottey dans un article du journal Le Monde. Puisque le plastique ne disparaît jamais, mon idée est de le récupérer pour faire passer un message et le transformer en un objet artistique de valeur. »
©Serge Attukwei Clottey: Routes, » installation view, the Mistake Room, Los Angeles, 2019. Photo courtesy of the Mistake Room
La philosophie artistique et le projet de cet artiste porte un nom : l’afrogallonisme. Ce terme sur lequel il travaille depuis plus de vingt ans est issu de l’interaction entre le Ghana et l’Occident. es bidons jaunes étaient en effet originairement utilisés pour stocker les huiles provenant d’Occident mais passée cette utilisation, , ils jonchent désormais les villes comme Accra. Serge Attukwei Clottey les convertit donc en œuvres d’art, aujourd’hui exportées dans le monde entier comme une manière symbolique et artistique de renvoyer à l’Occident ses propres déchets.
Ses œuvres nous interrogent ainsi sur notre rapport aux déchets et pas seulement ceux que nous produisons dans la vie de tous les jours mais aussi ceux qui traversent le monde pour répondre aux besoins de la mondialisation. Ils deviennent invisibles pour leur pays d’origine mais sont pourtant omniprésents pour d’autres, jusqu’à ce qu’un.e artiste les récupère pour rappeler leur impact aux yeux du monde et la nécessité d’agir maintenant.
©Nii Odzenma/Courtesy the artist and Gallery 1957