Retour sur la première édition de “L’écran d’après”

Co-organisée par La fabrique des récits, le mediaClub Green et Get the Moon, la première édition de L’écran d’après a eu lieu le 31 mars 2022 au sein du Club de l’étoile (75017).

170 professionnels du secteur se sont ainsi réunis pour explorer les différentes façons d’infuser les enjeux sociaux et environnementaux dans les films, les fictions, et les programmes de flux.

Les contradictions de notre époque se multiplient et nous font réaliser que nos modes de vie ne sont plus viables pour nous comme pour les générations futures. L’objectif de L’écran d’après était de provoquer un échange sur les imaginaires que nous pouvons créer et diffuser dans une époque complexe qui interroge notre rapport à la consommation, notre lien aux autres, au vivant, et nos aspirations. Car si, comme le rappelait Sandra de Bailliencourt (DG de Sparknews) en introduction, les films et séries incarnent depuis toujours l’évolution en cours et à venir de nos sociétés, c’est bien de nouveaux référentiels dont nous avons besoin désormais. Le rôle des récits est donc de nous rappeler que d’autres modèles existent et peuvent se déployer à grande échelle pour un avenir plus (en)viable, inclusif et respectueux du vivant. 

 

 

 Il ne s’agit pas pour autant que cette prise de conscience soit triste ou déprimante. Cyril Dion, présent en visioconférence, nous disait justement que le succès de son film “Demain” a démontré que « le cinéma a cette capacité de réveiller en nous une sorte d’élan créateur, d’enthousiasme, d’espoir”, qui nécessite que les artistes “acceptent de se plonger dans la réalité et de s’engager dans cette bataille culturelle qui paraît indispensable à mener aujourd’hui”. 

Lors de la première table ronde, les différents intervenants ont partagé leur opinion sur ces contenus à impact qui ont trouvé un écho dans la société. Ainsi Serge Ladron de Guevara (producteur de Plus Belle la vie) évoquait l’impact que porte une quotidienne car ce format laisse le temps de s’attacher aux personnages et ainsi faire en sorte que les idées puissent s’infuser dans le public. Noor Sadar (producteur chez White Lion) estime que l’histoire principale d’une fiction ne doit pas directement être axée autour des thèmes sur lesquels on cherche à sensibiliser afin de maintenir l’attention des spectateurs, ce que Philip Boëffard (Producteur chez Nord Ouest), justifiait en amenant l’idée que les fictions peuvent convaincre car elles ne s’adressent pas directement aux convaincus, “convaincre les convaincus, ça a moins d’intérêt”. Pour Tiphaine de Raguenel (directrice de la stratégie éditoriale de France TV), l’importance est de trouver une  façon universelle de parler au spectateurs tandis que Eric Altmayer (CEO Mandarin Prod) évoquait l’intérêt collectif que suscitent ces œuvres, Nicolas Vanier (aventurier, réalisateur) a ensuite conclu en insistant sur l’importance de transformer cet intérêt suscité en solutions concrètes. 

 

 

Si les contenus à impact fonctionnent et touchent le public, alors pourquoi ne voit-on pas davantage ces récits à l’écran aujourd’hui ? C’est la question qui a été posée aux invités de la deuxième table. Pour Clément Miserez (Producteur chez Radar Films/Mediawan), la télévision est assez peu friande du cinéma familial. Olivier Szulzynger (La guilde des scénaristes) précisait en parallèle que les producteurs ont une forte envie de parler d’ écologie mais dans les faits, il est difficile d’aller jusqu’au bout.  C’est pour cela que Pauline Dauvin (VP Programmation, Production et Ventes Publicitaires chez The Walt Disney Company France) a défendu l’idée que les décideurs doivent être formés aux différents enjeux de société afin d’inclure plus naturellement les enjeux sociaux et environnementaux dans leurs narrations.. Damien Marchi (Directeur du développement RSE Vivendi)  partageait cette analyse, et précisait la nécessité de sensibiliser à la fois les créatifs, les créateurs ainsi que les filières. Quant à ces  sujets qui émergent, ils sont selon François de Brugada (CEO de Banijay France) une réelle opportunité pour raconter de nouvelles histoires et attirer l’attention du public grâce à l’émerveillement ou par la gamification selon Laurent-Robert Thibierge (Producteur chez Effervescence) pour qui “l’enjeu fait le jeu”. 

Enfin, la troisième table ronde s’est concentrée sur les outils qui peuvent aider les créateurs et producteurs à faire évoluer leurs récits. Jean-François Camilleri (Producteur chez Echo Studio) a présenté le fonctionnement des campagnes d’impact, qui permettent de porter l’enjeu du film dans la vie réelle et qui gagnent en popularité auprès des distributeurs. Olivier Saby (L’observatoire des images) a ensuite évoqué les outils qui permettent la mise en valeurs d’initiatives et la création de liens avec les chercheurs. Valérie Zoydo (réalisatrice, experte en nouveaux récits) a présenté un  programme en co-construction avec l’ADEME qui permettrait de former des scénaristes sur des sujets environnementaux afin d’en faire des chevaux de Troie dans les productions. Le programme jeunesse mis en avant par Marc Obéron (Cinéma for change) a quant à lui pour vocation de créer de l’éveil et d’amener les jeunes à réfléchir, ainsi de leur montrer qu’ils sont écoutés. Enfin Laurent Esposito (Imagine 2050) a parlé de la conférence scientifique avec laquelle ils souhaitent former le secteur culturel aux enjeux climatiques.

Sandra de Bailliencourt a également présenté les bases du “Guide de L’écran d’après” qui sera affiné lors d’ateliers avec les professionnels du secteur. Ce guide, qui prendra la forme d’une liste de questions, sera mis à disposition des créateurs en open source afin qu’ils puissent interroger les messages qu’ils transmettent dans leur production concernant notre lien au vivant, notre lien à la société, et le modèle de société qui est représenté. Ce guide sera publié dans les prochains mois sur le site www.lecrandapres.com

 

 

Toutes ces tables rondes, ont été agrémentées de pitchs de scénario de films et de séries portant sur des sujets sociaux ou environnementaux présentés par nos partenaires Le Festival Atmosphères, Paper to film, le Conservatoire Européen d’Ecriture Audiovisuelle, et la Fédération des Jeunes Producteurs Indépendants, afin de montrer que ces nouveaux récits existent déjà dans certains projets qu’il ne reste plus qu’à les produire  pour donner une réalité à ces imaginaires. 

 

Les rencontres et discussions se sont ensuite prolongées tard dans la nuit, venant clôturer une première édition riche d’échanges et de discussions.

 

Merci à tous les intervenants, participants, et partenaires de cet événement ! 

 

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Pour découvrir des articles et outils sur les nouveaux récits de l’audiovisuel :



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