Mathieu Baudin, directeur de l’Institut des Futurs souhaitables est venu animer, à bord de son vaisseau Star Trek, un atelier de création collaborative de science-fiction optimiste avec l’appui de Sandra de Bailliencourt, directrice générale de Sparknews.
Pendant 1h30 les cerveaux ont chauffé à l’unisson afin de proposer un scénario de film à l’occasion du centenaire du Festival de Cannes en 2039, exercice de prospective oblige.
L’atelier s’est ouvert sur une présentation par Mathieu Baudin de ce qu’est justement la prospective. L’occasion de revenir sur cet art de s’ouvrir à d’autres imaginaires et d’apprendre que le futur était déjà imaginé sous l’angle de l’angoisse par nos prédécesseurs. Les participants à l’atelier ont ensuite été invités à donner des pistes d’explications à ce sujet. Selon un internaute, la société dans laquelle nous vivons est guidée par la domination et c’est pour cela que les scénarios en sont le miroir. Un autre suppose que cette association de récits négatifs est liée à la notion de désir : il est plus aisé d’imaginer ce que l’on ne souhaite pas voir advenir que l’inverse. Un participant rebondit sur cette notion en précisant que notre société, selon lui, est plus tournée vers le rationnel que l’émotionnel et que notre intuition y est freinée d’où la difficulté de se projeter positivement dans l’avenir.
Mathieu Baudin précise qu’à la Belle Époque (1871-1914), la croyance en un progrès global était générale mais elle s’est étiolée par la suite à cause des deux guerres mondiales. Selon lui, s’il s’avère compliqué d’imaginer un futur désirable c’est aussi parce que la société attribue une responsabilité aux optimistes. Quand le pire est envisagé et qu’il ne se produit pas, cela entraîne de la joie. Tandis que lorsqu’un optimiste se trompe, cela engendre de la déception.
Les participants ont ensuite été amenés à libérer leurs imaginaires et à composer, ensemble, les bases d’un scénario de film qui pourrait être présenté à l’occasion du centenaire du Festival de Cannes en 2039.
Après une phase de réflexion au cours de laquelle chacun a imaginé une idée souhaitable qu’il aimerait voir advenir dans le futur., les propositions diverses et variées ont fusé. Parmi elles : le classement des pays par le nombre de langues parlées et non plus par indicateurs de richesse, l’avènement d’une société de l’arbre, la création de convois de roulottes partant à la rencontre des individus dans chaque région de France, ou encore l’apprentissage à l’école des “soft skills”(compétences relationnelles, sociales, communicationnelles) aux enfants.
La personne ayant été désignée productrice du film lors cet atelier, a retenu l’idée de la société des arbres et celle du classement des pays par langues. Mathieu Baudin a fait remarquer que, malgré la qualité des idées proposées, le cadre de référence reste le même : la Terre et une langue orale parlée, tandis que le langage universel pourrait passer par les énergies que l’on se communique.
Peu à peu les imaginaires des participants se sont libérés. Et si, lorsqu’une personne mourrait, un arbre était planté par un enfant ? Ainsi, la société retisserait des liens avec ses ancêtres grâce à la jeunesse. Un autre internaute précise que les arbres pourraient être malades et que l’enjeu du film serait alors de les comprendre. Alors, leur parole serait précieuse et il faudrait les écouter de manière très attentive, à la façon d’un message qui s’auto détruirait, précise un participant.
De cette gymnastique collective, en ressort une belle œuvre expérimentale dont voici le synopsis résumé par Mathieu Baudin à la fin de l’atelier.
Des groupes d’humains se retrouvent dans une forêt. Ils sont assis sur les racines des arbres, au même moment, chacun sur la Terre. Une connexion énergétique et un dialogue vont s’établir. Au sein de cette société, il n’existe plus de nationalités depuis longtemps, toutes les langues sont parlées. Elle a valorisé la biodiversité des langues et celle des signes. Cette connexion avec les racines des arbres permet d’écouter des histoires autres que celles de l’espèce humaine, tel que le rire des dauphins. A l’écoute de cette conversation, une double problématique se dégage : les arbres et les enfants ont cessé de grandir, leurs croissances sont liées. A l’intérieur de vieux chênes, peupliers et hêtres, se trouvent des capsules temporelles des sagesses précédentes. Ces messages sont-ils des pistes vers la solution ?
L’avenir nous dira ce qu’il advient de cette première esquisse de scénario mais cet atelier a suscité beaucoup d’enthousiasme parmi les participants qui ont pu identifier les blocages qui empêchent le développement des récits souhaitables, et les mécanismes pour les contourner. Il n’y a plus qu’à se lancer !
Revivez ce moment de création collaborative résolument optimiste dans son intégralité :