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Les Français et la sobriété – 2024

La sobriété est une notion qui s’est progressivement imposée dans la philosophie de la lutte contre le réchauffement climatique, en questionnant nos modèles de consommation. Elle est devenue incontournable aux yeux de l’ADEME pour penser un projet de société durable, comme nous le détaillions dans un précédent article.
Un constat que la population française semble partager à première vue, selon le dernier baromètre de l’ADEME Sobriétés et modes de vie, même si les motivations et l’aspiration à vivre dans une société plus sobre doivent être nuancées.

La notion de sobriété

La notion de sobriété est une notion qui semble à première vue récente, mais dont les racines sont anciennes et la définition multiple et mouvante. Pour en explorer les subtilités, nous vous renvoyons vers ce rapport de Florian Cézard et Marie Mourad diffusé par l’ADEME, qui explore ses différentes formes et les démarches qui en découlent. Centrées autour de la recherche de la modération dans la production et la consommation, la sobriété renvoie à un certain nombre de débats philosophiques, amenant à questionner la différence entre le nécessaire et le superflu, explorant le rapport à la simplicité, pour questionner nos habitudes et nos pratiques.

Souhaitée à la fois de la part des acteurs institutionnels et par des mouvements citoyens, elle est issue de différentes motivations : l’écologie, mais aussi pour des considérations économiques, politiques ou encore géopolitiques. Développée en France par le biais de la sobriété énergétique, elle tient aujourd’hui une place importante dans les scénarios de l’étude prospective Transition(s) 2050 de l’ADEME pour atteindre la neutralité carbone, au niveau politique et territorial ainsi qu’à l’échelle individuelle.

Florian Cézard (AGATTE), Marie Mourad. 2019. Panorama sur la notion de sobriété – définitions, mises en œuvre, enjeux

Pour aller plus loin, ce numéro de l’ADEME Magazine sur les politiques territoriales de sobriété



ADEME Magazine n°151, "Territoires : oser la sobriété", Décembre 2021 – Janvier 2022

Le rapport des Français à la sobriété

Pour explorer la relation qu’entretiennent les Français avec la notion et les pratiques relevant de la sobriété, l’ADEME a publié un nouveau baromètre annuel, Sobriétés et modes de vie, dont le premier a été publié en mars 2024. Cette étude complète porte sur 6 domaines relatifs aux pratiques des ménages (la mobilité, le tourisme, le numérique, l’alimentation, le logement et la consommation de biens et de services), et apporte de nombreux enseignements sur l’image qu’ont les répondants de leurs propres comportements.

  • Une critique de la consommation à l’échelle de la société : 83% des Français considèrent que nous avons trop « tendance à accorder trop d’importance à la consommation matérielle », et 77% pensent que « notre manière de consommer est nuisible à l’environnement ».
  • Le décalage entre cette critique et la remise en cause limitée des pratiques individuelles : 82% des répondants pensent adopter un mode de vie déjà sobre, et une part importante se montre fermée à repenser son usage de la voiture, de l’avion et la consommation de viande.
  • Le renvoi de la nécessité d’agir à l’Etat : seulement 49% des Français considèrent que l’Etat agit effectivement, et 74% pensent que le gouvernement devrait privilégier la protection de l’environnement à la croissance économique.

Cette étude permet à l’ADEME de formaliser une typologie de la population française en fonction de son rapport à la sobriété, qui met en évidence les différentes motivations et contraintes qui entrent en compte dans la modification des pratiques de consommation. Cette typologie se décline de la façon suivante :

  • Le groupe conservateur : considèrent que leur mode de vie est déjà sobre et ne comptent pas remettre en cause leurs pratiques de consommation
  • Le groupe matérialiste :  restent attachés à la consommation et sont réfractaires aux politiques et aux injonctions à la sobriété
  • Le groupe contraint : consomment relativement peu en raison de leur pouvoir d’achat, avec une partie qui aimerait consommer davantage
  • Le groupe sobre par choix : semblent détachés des valeurs matérialistes et sont les plus ouverts à modifier leur mode de vie, voire engagés en faveur de l’écologie

 

L’étude nous permet donc d’explorer en profondeur les représentations de la sobriété dans la population française et l’impact qu’ont ses représentations sur la mise en action, en analysant plus en profondeur les caractéristiques sociodémographiques et les motivations de ces groupes, qui sont hétérogènes dans leur composition. Cette étude est riche en enseignement sur les leviers qui peuvent être utilisés pour favoriser le changement de modes de consommation, et met en évidence la forte prégnance du modèle consumériste dans nos représentations et nos modes de vie.

Découvrez le baromètre complet



ADEME, Baromètre Sobriété et modes de vie, mars 2024

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