La startup française a conçu une plateforme aérienne autonome en énergie solaire sous la forme d’un ballon à hélium. Un outil qui permet une prise de hauteur inouïe aux scientifiques chargés d’étudier et conserver la biodiversité de la planète
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La startup française a conçu une plateforme aérienne autonome en énergie solaire sous la forme d’un ballon à hélium. Un outil qui permet une prise de hauteur inouïe aux scientifiques chargés d’étudier et conserver la biodiversité de la planète
© Eonef
« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », alerte le dernier rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Environ un million d’espèces d’animaux sauvages au niveau planétaire —dont la disparition entrainerait des effets catastrophiques sur la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie des êtres humains— seraient, selon les scientifiques, menacées d’extinction.
Afin de mieux protéger cette faune précieuse, les organismes dédiés à leur conservation s’attachent à étudier de manière exhaustive les animaux sauvages et leurs habitudes en milieu naturel — une mission qui s’avère particulièrement lourde lorsqu’elle doit se dérouler sur des terrains isolés, ou avec une forte densité forestière, où trop souvent l’absence de moyens d’accès et de communication performants rendent la tâche difficile, voire impossible. Mais une startup française pourrait avoir une solution : des ballons photovoltaïques.
Fondée en 2016, l’entreprise sociale française Eonef conçoit des ballons gonflés à l’hélium, permettant aux équipes de recherche de prendre de la hauteur sur le terrain et de suivre l’évolution de la biodiversité dans les zones reculées grâce à des émetteurs GPS placés sur les animaux. Équipés de panneaux solaires qui les rendent énergétiquement autonomes, de capteurs de télécommunication et de caméras, ces ballons montent jusqu’à 150 mètres de haut au-dessus de points stratégiques du terrain en moins de 30 minutes, tout en restant attachés au sol par un câble. La prise de hauteur du système de télécommunications à l’intérieur du ballon permet une portée du signal jusqu’à cinq fois supérieure à une antenne traditionnelle.
En outre, ils collectent de nombreuses données d’observation en élargissant le champ d’extension de manière exponentielle par rapport aux systèmes traditionnels composés, eux, d’antennes souvent disséminées à des kilomètres de distance les unes des autres. En supprimant cette multiplicité de points au niveau du sol, les scientifiques peuvent désormais se passer de la voiture pour parcourir ces distances —polluant les habitats naturels— et collecter plus rapidement les données d’observation des animaux, afin de se consacrer davantage à leur étude.
Sans pilote ni moteur, la technologie présente par ailleurs un atout sans doute apprécié aussi bien par les chercheurs que par les petites bêtes : autonome et silencieuse, contrairement à un drone, elle peut s’introduire dans un milieu naturel et suivre sur plusieurs semaines les animaux sans les stresser ni influencer leurs activités.
Basée en région parisienne et cofondée par Julie Dautel et Cédric Tomissi, Eonef a déjà lancé deux premiers aérostats pour des missions de suivi de la biodiversité. Le premier, a été déployé en juin 2019 à l’île de la Réunion en partenariat avec la société Geolinkx, spécialisée dans le suivi de la faune sauvage et la préservation de l’environnement. Le ballon y a assuré le suivi des oiseaux rapaces endémiques pendant une semaine, dans le but de mieux connaître leur mode de vie afin de favoriser leur préservation à l’état sauvage.
Le deuxième, un ballon captif de 10 mètres cube déployé en septembre dernier dans la réserve de conservation de la forêt de Pilliga, en Australie, a permis aux équipes de l’Australian Wildlife Conservation d’étudier les mouvements de petits mammifères protégés, tels que des bilbis et des souris marsupiales, couvrant un territoire de 25 000 hectares. Le but ? Faciliter les rondes d’observation des garde-forestiers.
Mais l’usage potentiel de ces aérostats ne se limite pas aux projets scientifiques. Ils peuvent également être déployés en situation d’urgence, telle que des incendies, afin de sécuriser la zone et coordonner les secours au sol, ou encore pour surveiller les mouvements de foule lors d’événements dans de grands espaces. Ayant fait ses preuves, Eonef entreprend actuellement une levée de fonds afin de lancer leur phase d’industrialisation. Proposés aussi bien en location pour des missions ponctuelles qu’à l’achat, ils devraient être sur le marché dès 2020.
Cet article a été écrit dans le cadre d’une série produite pour open_resource par Sparknews, une entreprise sociale française qui vise à faire émerger des nouveaux récits pour accélérer une transition écologique et sociale à la hauteur des enjeux de notre époque.