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Orange Fiber transforme les sous-produits du jus d’agrumes en tissus écologiques

 

L’entreprise italienne met l’économie circulaire à la mode, en fabriquant un nouveau type de textile écologique pour les marques de vêtements haut de gamme à partir d’un sous-produit industriel : les restes de jus d’orange.

© Orange Fiber

Au cours des dernières décennies, la consommation d’aliments transformés a considérablement augmenté, entraînant la création d’un nombre croissant de sous-produits alimentaires non-comestibles qui finissent souvent dans les décharges. C’est précisément ce qui arrive avec la production industrielle de jus d’orange. Rien qu’en Italie, un pays qui produit près de deux millions de tonnes d’oranges par an, sont gaspillées chaque année environ 700 000 tonnes de sous-produits de jus d’orange, telles que la pulpe et la peau.

 

En même temps, afin de satisfaire une demande croissante de la part des consommateurs éco-responsables, certaines marques de mode se tournent de plus en plus vers des matières premières durables pour créer des lignes de vêtements écologiques. Quelle meilleure façon de se débarrasser de tous ces sous-produits du jus d’orange que d’en faire des tissus écolos ? Une entreprise italienne basée à Catane a développé une technique pour y parvenir, et son nom parle de lui-même : Orange Fiber.

© Orange Fiber

Breveté en 2012, le procédé de transformation des sous-produits d’agrumes en un tissu soyeux a été mis au point par l’une des cofondatrices de l’entreprise, la designer de mode italienne Adriana Santanocito, en collaboration avec l’université Polytechnique de Milan. Les fibres de cellulose qui composent ces tissus sont extraits avec une technique de pressage des restes d’agrumes—dénommée « pastazzo » pour les italiens— à l’aide de réactifs chimiques, puis façonnés en fils qui peuvent être utilisés pour la fabrication de textiles biodégradables. Et comme le matériel provient virtuellement des déchets, sa fabrication n’implique pas l’exploitation de ressources naturelles, préservant la terre et l’environnement tout en évitant l’usage d’eau et de pesticides.

 

Orange Fiber a ensuite été cofondée par Adriana Santanocito et sa collègue d’université, Enrica Arena en 2014. Les premiers prototypes — un tissu dentelle mélangé à de la soie et un autre mélange similaire au satin — ont été présentés plus tard la même année à la Fashion Night Out de Vogue, à Milan. Leur but ? Convaincre les marques de mode haut de gamme d’utiliser le nouveau matériau, un défi que le duo a depuis relevé avec brio. Elles ont réussi à captiver notamment la maison de mode de luxe italienne Salvatore Ferragamo, dont la toute première collection de chemises, robes et foulards imprimés à partir du textile d’orange a été lancée en avril 2017.

 

L’entreprise a également réussi à séduire d’autres marques d’envergure à travers le monde, ainsi qu’à recevoir des récompenses de plusieurs organisations internationales. En 2015, elle a reçu par exemple le prix Global Change Award 2015, une initiative de la Fondation H&M pour promouvoir des projets innovants capables de révolutionner la mode de manière durable. Le géant suédois H&M a d’ailleurs inclus ces tissus écologiques dans sa collection Conscious Exclusive 2019. En juin dernier, la marque napolitaine de couture E. Marinella a également lancé une collection de cravates en fibre d’orange à Pitti Immagine Uomo 96.

 

Avec un marché mondial des agrumes qui produit environ 55 millions de tonnes d’oranges chaque année, Orange Fiber espère pouvoir augmenter sa capacité de production. Afin d’y parvenir, la société a récemment mené une campagne de crowdfunding en ligne, avec un objectif de 250 000 euros. Mais l’initiative a attiré plus d’investissements que prévu, dont 100 000 euros d’Angels for Women, un réseau de business angels pour les femmes entrepreneures promu par AXA Italie en collaboration avec Impact Hub Milano. Ayant atteint 650 000 euros en moins de trois mois, l’entreprise a dû clôturer la campagne plus tôt que prévu. Forte de ce coup de pouce financier, Orange Fiber ambitionne de créer une nouvelle usine de traitement capable d’extraire jusqu’à 60 tonnes de cellulose des déchets d’orange par an.

 

 

Cet article a été écrit dans le cadre d’une série produite pour open_resource par Sparknews, une entreprise sociale française qui vise à faire émerger des nouveaux récits pour accélérer une transition écologique et sociale à la hauteur des enjeux de notre époque.

 

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