« Ce que permet l’anthropologie, c’est d’apporter la preuve que d’autres manières d’habiter le monde sont possibles, puisque certaines d’entre elles, aussi improbables qu’elles puissent paraître ont été explorées ailleurs ou jadis, l’avenir n’est pas un simple prolongement linéaire du présent. Il est gros de potentialités inouïes dont nous devons imaginer la réalisation […] » (Phillipe Descola, « Penser L’Antropocène », 2015)
« La question qui se pose avec urgence est comment avons-nous enclenché un processus qui va rendre la terre de moins en moins habitable ? Et comment faire pour enrayer ce mouvement ? »
C’est la question à laquelle, Philippe Descola, antropologue responsable de la Chaire « Anthropologie de la Nature » au Collège de France, propose de donner une piste de réponse lors du colloque « Comment penser l’Antropocène » organisé au Collège de France en 2015.
Que s’est-il dont passé ? Quelles en sont les causes ? Que pouvons-nous faire collectivement ? Interrogeant ce que l’anthropocène a d’inédit vis-à-vis de l’anthropisation qui a cours depuis des millénaires, il « signale[] encore et toujours que le présent est le résultat d’une histoire humaine de la nature tout à fait singulière et non le résultat inéluctable du développent, des ingéniosité et des découvertes scientifiques ». Et identifie que « ça n’est pas l’humanité tout entière qui est à l’origine du réchauffement globale ou de la 6e extinction des espèces », et qui est à l’origine de l’anthropocène, c’est un système, un mode de vie, une idéologie, une manière de donner sens au monde et aux choses dont la séduction n’a cessé de s’étendre et dont il faut comprendre les particularités […] si l’on veut en finir avec lui et tenter ainsi de défléchir certaines de ses conséquences les plus dramatiques.