Faits

Accès aux sanitaires et droits des femmes

 

L’accès à l’assainissement est un droit humain reconnu par l’ONU depuis 2015 : les sanitaires sont essentiels pour la santé des hommes comme des femmes. Méconnu, le lien entre accès sûr aux toilettes et droits des femmes est pourtant direct. 

Même lorsqu’elles existent, les infrastructures sanitaires sont le plus souvent inadaptées aux besoins des filles et des femmes. photo : toilettes dans une école primaire, en Ethiopie / UNICEF Ethiopia Flickr CC

En 2018, 60 % des personnes contraintes à la défécation en plein air étaient des femmes et en Afrique subsaharienne, une fille sur dix n’allait pas à l’école durant ses règles. Si les femmes sont particulièrement vulnérables à l’absence de sanitaires sûrs, les données disponibles sur ce droit basique, indispensable à leur émancipation, sont limitées.

Absence de toilettes : péril sur la santé et la sécurité des filles et des femmes

Selon les données de 2017, dernières disponibles sur le sujet, elles étaient plus de 500 millions à ne pas avoir accès à des sanitaires. Autrement dit, 13 % de la population féminine mondiale ne dispose pas de toilettes permettant de faire ses besoins et de gérer ses menstruations. Pour ces femmes, le risque d’agressions sexuelles est plus élevé de 40 % par rapport à celles bénéficiant de sanitaires, selon une étude menée de 2018 dans les bidonvilles de la vallée de Mathare, au Kenya. En Inde, ce risque atteint même 50 %.

De plus, l’absence de toilettes fait courir de plus grands risques aux femmes qu’aux hommes. Aux menaces sanitaires communes aux deux genres – comme la diarrhée, la déshydratation, la dysenterie, la typhoïde, l’hépatite A ou encore la poliomyélite – s’ajoutent les risques d’affections féminines : syndromes du choc toxique, infections vaginales ou urinaires, troubles de la grossesse… Les pathologies dues à l’absence d’hygiène menstruelle et intime se cumulent avec celles dues au contact avec la matière fécale, plus fréquemment évoquées.

A LIRE AUSSI :



Des toilettes pour plus d’égalité femmes-hommes dans le monde

Hygiène, santé et sécurité : quand les filles et les femmes doivent choisir

Comme le rappelle une étude de 2016, pour éviter certaines de ces pathologies la gestion de l’hygiène menstruelle et intime requiert quatre éléments : de l’intimité, de l’eau, du savon, et un système de gestion des déchets. Malheureusement, même lorsqu’elles existent, les infrastructures sanitaires sont le plus souvent inadaptées aux besoins des filles et des femmes, selon l’ONG WaterAid.

Au Kenya, les sanitaires installés dans la région de Mathare sont mixtes, trop peu nombreux (entre 70 et 100 personnes pour une toilette), souvent sans porte et payants. L’absence d’hygiène, d’intimité et de sécurité ainsi qu’un accès payant poussent un certain nombre de femmes à éviter d’utiliser ces toilettes : « Un tiers des femmes utilisent un seau, des sacs plastiques ou défèquent en plein air au moins une fois par jour et deux tiers d’entre elles font de même la nuit », souligne la chercheuse Samantha Winter.

L’émancipation des femmes commence aussi par les toilettes

En plus d’être essentiels à la santé et à la sécurité des filles, l’accès à des sanitaires sûrs et adaptés a une influence directe sur le taux d’éducation des filles. En 2018 d’après l’ONU, un cinquième des écoles dans le monde n’était pas équipé en sanitaires. Avec pour conséquence directe une déscolarisation accrue des filles lorsqu’elles atteignent la puberté, faute d’endroit où se changer pendant leurs règles. Selon l’UNESCO, en Afrique subsaharienne, une fille sur dix rate 20 % de l’année scolaire de ce fait.

C’est pour toutes ces raisons que le programme porté par l’Unicef à Jharkhand, en Inde, forme des femmes à la maçonnerie. Des filles ayant quitté l’école faute d’accès à des sanitaires pendant leurs règles deviennent rani mistri, constructrices de toilettes dans leurs communautés.

De son côté, WaterAid a rédigé un guide des bonnes pratiques à l’attention de tous les acteurs impliqués dans l’accès à l’assainissement, en partenariat avec Unicef et Water & Sanitation for the Urban Poor (WSUP). Ces initiatives ont un même objectif : promouvoir l’inclusion des femmes dans la planification et la gouvernance des infrastructures d’assainissement pour s’assurer de répondre à leurs besoins.

A LIRE AUSSI :



Accès sûr et universel à l’eau et à l’assainissement : un défi de gouvernance

Dans la même catégorie